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lancelot du lac.

teau ténébreux. Arrivés devant un chemin herbu, tortueux, étroit, depuis longtemps abandonné, le duc dit au valet d’avancer. « Ah, sire ! répond l’écuyer, nous sommes dans l’endroit le plus dangereux de la forêt, ce qu’on appelle le Chemin du Diable : mon avis serait donc encore de retourner à Blancastel. — Tu perds une belle occasion de te taire, répond le duc ; c’est le fait d’un marchand, non d’un chevalier, de quitter les voies périlleuses pour en prendre de plus sûres. De cette façon, jamais les aventures ne seraient mises à fin. Avançons toujours. » Et ils chevauchèrent de plus belle, comme approchait déjà la nuit.

Le valet apercevant à quelque distance des vaches et des brebis qui paissaient : « Sire, dit-il au duc, il serait temps de reposer ; nous ne sommes pas loin d’une habitation, ces troupeaux nous l’indiquent assez. Je vois des bergers montés sur de grandes juments, souffrez que j’aille leur parler. » Le duc consentant, il va les saluer et leur demande s’il n’y avait pas assez près un logis où pourrait passer la nuit un chevalier errant navré de plusieurs plaies. Les bergers, qui appartenaient à un vieux vavasseur de la forêt, répondirent que leur maître hébergeait volontiers les chevaliers errants, et il offrit de les conduire à son hôtel. « Rame-