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lancelot du lac.

prolonge et que l’issue en est incertaine. La nièce ne peut dominer son impatience : elle sort de la chapelle et va se placer toute tremblante sur le tertre qui dominait les lices. À la vue du sang qui semblait ruisseler des hauberts, ses yeux se troublent, elle ferme les yeux et tombe pâmée sur l’herbe.

Non moins curieux et non moins attentif aux chances du combat, le jeune Lionel se tenait près de là. Il avait dû passer par Loverzep pour se rendre du Sorelois à la cour du roi Artus, et il avait arrêté son cheval justement à l’endroit où venait de tomber la demoiselle. Telle était l’attention qu’il donnait aux deux combattants qu’il ne l’avait pas aperçue. « Reculez-donc ! » lui crie brusquement un chevalier qui s’avançait pour la relever ; et prenant le cheval par le frein, peu s’en faut qu’il ne jette à bas le valet. Lionel furieux tire son épée et il allait frapper, quand la demoiselle en se relevant l’avertit qu’un écuyer ne doit pas s’attaquer à chevalier. Il baisse aussitôt le fer, et s’adressant au chevalier : « Je ne voyais pas, sire, cette demoiselle, tant j’avais les yeux attachés sur ces deux combattants. Je les trouve bons ; mais, à tout prendre, ils ne valent pas ceux que je viens de quitter. — Et quels sont-ils, beau sire, dit en riant le chevalier, ces preux que vous quittez ? — Peu vous importe ; mais si