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lancelot du lac.

qui aimait de grand amour une demoiselle dont il ne pouvait faire sa volonté, ne craignit pas de mettre à profit les ténèbres ; et quand on eut éteint les cierges, il s’approcha de la jeune fille dont il obtint, durant le divin office, tout ce qu’il avait si longtemps désiré. Le Saint-Esprit, qui voit tout, révéla le sacrilége à un pieux ermite de l’ordre de Saint-Augustin le lendemain, comme il célébrait les matines. L’ermite approchant de l’endroit où ils s’étaient arrêtés la veille, trouva le châtelain et la demoiselle frappés de mort dans les bras l’un de l’autre. Depuis ce jour, les ténèbres n’ont pas cessé de couvrir le moutier et le château. Il n’est resté de lumière que dans le cimetière, autour de la tombe des prud’hommes qui y sont inhumés[1]. Et nous avons ouï dire que la clarté ne sera rendue au reste du château que par le meilleur chevalier du monde, auquel est encore réservé l’honneur de mettre à fin les aventures de la Tour douloureuse. Renoncez-vous maintenant à tenter l’épreuve ? — Non assurément, demoiselle. »

Il rentre alors dans le moutier, et quand il

  1. Cette histoire du château d’Ascalon le Ténébreux est racontée dans la partie inédite du livre d’Artus (msc. 337, f. 188). Mais c’est, je crois, d’après notre roman qui en donne la conclusion.