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aventures de galeschin.

valiers gisaient morts au milieu de tronçons de lances et de lambeaux d’écus[1]. Un ruisseau coulant parmi la lande était rougi de sang : tout annonçait qu’il y avait eu là une récente et furieuse bataille. Quels pouvaient être ces chevaliers occis ? Pendant que le duc était à ces pensées, il voit sortir d’une haie assez voisine un écuyer qui du pan de sa chemise s’était fait un bandeau roulé autour de sa tête ; il va vers lui, l’autre tout éperdu se rejette derrière la haie. Le duc le rejoint l’épée à la main et menace de le frapper s’il n’arrête. Le navré tombe à genoux. « Quels sont, lui demande Galeschin, les gens dont les corps gisent là-bas ? — Je vous le dirai, si je n’ai garde. — Soit ! — Vous saurez donc que la dame de Cabrion[2] allait à Londres pour visiter son cousin le roi Artus. En traversant cette lande, nous avons rencontré vingt hommes armés ; nous serions passés sans rien dire si nous n’avions vu au milieu d’eux un chevalier en braies, que deux sergents battaient jusqu’au sang. Un des nôtres le reconnut pour messire Gauvain, et quand ma dame en fut avertie, la douleur la fit tomber pâmée. En revenant à ses esprits, elle dit qu’elle aimerait

  1. « Chantiaus d’escus. »
  2. Var. Bristol.