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lancelot du lac.

aisément de tout cela, mais il avait oublié sa cousine, à compter du jour où on l’avait mariée ; il ne la croyait même plus de ce monde. « Belle cousine, lui dit-il, ma joie de vous retrouver est égale à la vôtre. Si je n’avais cru que Dieu vous avait à lui rappelée, je vous aurais depuis longtemps cherchée. — Et comment se fait-il, beau cousin, que vous chevauchiez tout armé, la veille de cette grande fête de Pentecôte ? — Nous suivons les traces de messire Gauvain, qu’un grand chevalier inconnu a emporté. J’ai quitté la ville avec deux autres chevaliers, mais à l’insu du roi Artus, de la reine et de la cour. » Le duc indique alors la haute taille, les armes, le cheval du ravisseur que la dame n’a pas de peine à reconnaître. « C’est, dit-elle, Karadoc de la Tour douloureuse, le plus traître et le plus fort des hommes. Jamais il n’épargna chevalier, et je vous conseille de ne pas aller plus avant. Celui auquel est réservé de le vaincre n’est pas encore venu. — J’ai bien vu, répond Clarence, que Karadoc était de grande force, mais force n’est pas bonté ; plaise à Dieu que je le rencontre le premier ! — Et moi, je ne crains rien autant dans le monde. Je vous en prie, beau cousin, ne tentez pas ce que personne n’a pu mettre encore à bonne fin. — Ma belle cousine, vous me prêcheriez