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aventures de galeschin.

venait de vêtir, et sous le surcot rien qu’une fine chemise de lin blanc. « Dame, lui dit Clarence, puissiez-vous avoir tous les biens du monde, comme la plus belle que j’aie vue de ma vie ! — Et vous, répond-elle, ayez bonne aventure, comme le plus beau des chevaliers. » Alors, elle le prend par la main, le fait rasseoir sur la couche où il était et se place auprès de lui. Puis elle le met en paroles et s’informe de son nom, de son pays. « Je suis, dit-il, né à Escavallon ; on m’appelle Galeschin duc de Clarence, je suis le frère de Dodinel et le fils du roi Tradelinan de Norgalles. » À ces mots, la dame, transportée de joie, lui jette les bras au cou, l’embrasse et le baise sur la bouche à plusieurs reprises. « Soyez adoré, dit-elle, ô mon Dieu ! et vous, , chevalier, ne soyez pas étonné si je le remercie d’avoir conduit ici l’homme du monde que je désirais le plus revoir. Ah beau doux ami ! vous êtes mon cousin germain, le fils de mon oncle ; ma mère était la dame de Sormadan[1], tant aimée de votre père ; nous avons été nourris ensemble dans la tour d’Escavallon. »

Grande fut la surprise du duc : il se souvint

  1. Var. La dame de Corbenic, — la dame de Corbalain, — la dame de Corbatan, — de Cormadan, — de l’Île perdue ; — la belle Aiglinte. Les mss., comme on voit, varient beaucoup sur ce nom.