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lancelot du lac.

Le valet ouvre la porte, étable le cheval et mène le duc au donjon qui occupait le milieu de la cour. Il le fait monter dans cette tour éclairée de cierges et de torches comme s’il était jour. Là, on le débarrasse de son écu, de son glaive, on le fait asseoir sur une couche, et bientôt sort des chambres une belle demoiselle tenant sur le bras un manteau d’écarlate, à panne de menu vair. Le duc la prenant pour la dame du château se lève : « Soyez la bien venue, dame ! lui dit-il — Sire, je suis une pauvre fille au service de la dame de céans. — En vérité vous seriez dame et dame riche, si la beauté donnait la seigneurie. » La pucelle remercie, lui pose le manteau sur le cou et retourne d’où sans doute elle était venue.

L’instant d’après, paraît une dame plus belle encore, suivie de dames, demoiselles, chevaliers et sergents. Elle avait les cheveux épars et portait un surcot de drap de soie fourré de menu vair[1], semblable au manteau que le duc

  1. On voit que le surcot était, comme son nom l’indique, un vêtement qu’on passait sur la robe quand on voulait sortir de chez soi (comme aujourd’hui, pour les hommes, le paletot, et pour les femmes la palatine, mante ou mantille). Le surcot ouvert remplaçait, pour les repas, nos serviettes ; on les passait sur la tunique, avant de s’asseoir à table et de laver. Il était ordinairement fourni par le maître de la maison où l’on mangeait.