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enlèvement de mess. gauvain.

de l’accompagner, et de ne mettre personne dans le secret de leur entreprise.

Comme ils devisaient, un grand valet trempé de sueur vient à passer et s’arrête un instant pour les regarder. « Qui es-tu, frère ? » lui demande messire Gauvain. Au lieu de répondre, le valet retourne rapidement son cheval, broche des éperons et disparaît. « Ce valet, dit messire Yvain, semble avoir perdu le sens. Il courait à bride abattue comme s’il eût craint d’arriver trop tard, puis il rebrousse chemin aussi vite qu’il était venu. » Mais bientôt, ils entendent un grand bruit de chevaux. Un chevalier d’une taille gigantesque, à l’écu blanc au lion de sinople, armé de toutes armes, et monté sur un des plus grands coursiers du monde, paraît avec le valet qu’ils avaient vu l’instant d’auparavant. « Qui de vous est Gauvain ? demande le géant. — C’est moi ; que lui voulez-vous ? — Vous le saurez bientôt. » Et ce disant, il va à mess. Gauvain qu’il frappe rudement de son glaive et pendant que messire Gauvain saisit le frein du cheval et tente de toucher au pommeau de l’épée pour la tirer du fourreau, il est lui-même soulevé, retenu par le milieu du corps et placé en travers du cheval aussi facilement que si l’inconnu avait eu affaire à un enfant. Les trois compagnons se lèvent pour l’arrêter, mais le cheval se dresse, ren-