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lancelot du lac.

retourne annoncer à l’ermite que le roi Artus s’était arrêté avec ses gens dans la maison des passagers. « C’est là, dit l’ermite, ce que j’espérais. » Sans perdre de temps, il revêt les armes du Seigneur-Dieu et commence à chanter sa messe. Cependant, le roi était au manger : dès le second morceau, voilà qu’il sent une violente douleur, comme si le cœur allait lui voler de la poitrine. Il tombe, ses yeux tournent, il perd connaissance. Les chevaliers le relèvent effrayés, mess. Gauvain le prend dans ses bras ; enfin, il revient à lui et demande à grands cris un confesseur. Mess. Yvain et Sagremor retournent à l’ermitage, comme le prêtre achevait le service ; ils lui content la maladie subite du roi et le supplient de ne pas perdre un instant. L’ermite avait encore dans les mains le Corpus Domini[1] « Dieu, dit-il en suivant le chevalier, soit loué du mal qu’il envoie au roi ! Je vois que ma prière a été entendue. »

Artus en le voyant fait effort pour se lever : « Qui êtes-vous ? demande le prud’homme. — Hélas ! un malheureux ; j’ai nom Artus, indi-

  1. Il est à présumer que si les effets de l’excommunication d’un roi avaient eu pour effet de fermer les églises et d’interdire les saints offices, notre auteur n’aurait pas ici fait chanter la messe et porter le saint ciboire au roi Artus.