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lancelot du lac.

reine, qu’il ne refuserait jamais rien à celle qui l’avait gardé durant sa maladie.

Et le matin, quand Galehaut vint prendre congé, le roi et la reine montèrent pour les convoyer. Le roi s’approchant du palefroi de la reine : « Dame, lui dit-il, je sais que Lancelot vous aime assez pour ne vous refuser rien de ce que vous lui demanderez. Veuillez, si vous désirez jamais revenir à moi, le prier de rester compagnon de la Table ronde ; vous obtiendrez facilement de lui ce qu’il nous a d’abord refusé. »

La reine écoute, sans paraître émue ni surprise de ce que le roi dit du grand amour de Lancelot pour elle. Elle lui répond : « Sire, il faudrait en effet que Lancelot me portât bien grande affection, pour accorder à mes prières ce qu’il aurait refusé aux vôtres. Mais il faut craindre de causer le moindre ennui à ceux qui nous aiment. Si je vais lui persuader de rester dans votre compagnie, ne me priverai-je pas de la sienne ? Il m’a pourtant mieux servie que ceux dont je devais attendre le plus d’amour et de protection. Je vous avais toujours été épouse soumise et dévouée et vous m’avez fait condamner au supplice, dont la grande prouesse de Lancelot m’a seule préservée. Il s’est souvenu du seul bien que j’avais pu lui faire devant la Roche