Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
lancelot du lac.

me coûter pour sauver la vie d’un si bon chevalier. »

Artus va donc trouver la reine : quand elle le voit arriver, elle se lève à sa rencontre : « Dame, lui dit-il, la sentence des juges est comme non avenue ; vous êtes rachetée : mais ce chevalier que Lancelot a vaincu va mourir si vous ne demandez qu’il vive ; ce serait grand dommage, car il est de grande prouesse. — Sire, s’il vous plaît ainsi, j’y ferai ce que je puis. » Elle descend de la tour, avance dans le pré et se jetant aux genoux de Lancelot : « Beau doux ami, dit-elle, je vous crie merci pour ce chevalier. » Lancelot la voyant dans cette humble posture a grande peine à se contenir : « Dame, ne craignez rien pour lui : si vous le désirez, je lui rendrai mon épée, loin de lui refuser la vie. N’êtes-vous pas la dame que je dois le plus écouter, celle qui m’a recueilli et guéri, quand j’étais hors de sens ? Vous, Guifrey, je vous tiens quitte, je n’ai plus rien à réclamer de vous. » Alors on se presse autour de Guifrey ; on le relève, on le soutient, on le ramène au milieu des siens. Et croyez que si l’une des deux reines eut à se réjouir, il en fut bien autrement de l’autre, ainsi que des barons de Carmelide, rendus indignes, par l’effet du jugement faussé, de jamais siéger en cour.