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lancelot du lac.

nie[1]. Le roi allait satisfaire à la réclamation des barons, quand Galehaut, qui ne démêlait pas bien encore de quel côté était la bonne cause, se hâta de faire sonner le cor. Le troisième combat commença. Le chevalier, nommé Guifrey de Lamballe[2] avait un grand renom de prouesse. Bien que les deux chevaux parussent de force égale, il crut qu’en obligeant Lancelot à combattre à pied, la victoire lui serait plus facile. Dès la première rencontre, il ouvrit le poitrail du cheval de Lancelot. Mais en fléchissant, Lancelot le saisit, le souleva, et le força de vuider également les arçons. Ils tirèrent alors en même temps l’épée, frappèrent sur les heaumes comme sur enclume. Les mailles détachées volent çà et là ; le sang vermeil jaillit et rougit le haubert : les meilleurs coups sont pourtant donnés par Lancelot, et ceux-là mêmes qui connaissaient le mieux la prouesse de Guifrey ne doutent pas de sa défaite.

La furieuse bataille se prolongea jusqu’aux

  1. Gauvain et Galehaut, juges du camp, n’avaient pas fait jurer Lancelot, contre toutes les règles du combat judiciaire, parce qu’ils n’étaient pas assurés de l’innocence de Genièvre. Lancelot eût défendu la reine, même si l’accusation de substitution eût été fondée ; mais ils ne voulaient pas l’exposer à commettre un parjure.
  2. Var. : Karadoc de la Maille.