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lancelot du lac.

la tête couverte de son écu fendu : « Rassurez-vous, crie Lancelot, j’aurais honte de combattre à cheval quand vous êtes à pied. » Il descend, attache son coursier à un arbre et revient l’épée en main sur son adversaire. Il tranche d’abord la guiche qui retenait l’écu du chevalier, puis il frappe fort et menu : on voit le chevalier inondé de sang, hésiter, reculer avec épouvante, et quoique vaincu, ne se décidant pas à prononcer le mot de recréance. Après avoir çà et là jeté les yeux, il se traîne péniblement à la rive, comme pour y trouver un refuge ; puis il semble honteux de mourir ainsi, et revenait sur ses pas, quand il voit Lancelot lever de nouveau Escalibur : « Ah ! Lancelot, s’écrie-t-il, gentil chevalier, de qui pourra-t-on espérer merci, sinon du meilleur des bons ? — Tu ne l’obtiendras, fait Lancelot, qu’après avoir reconnu à haute voix que le jugement prononcé contre madame la reine est faux, et que ceux qui l’ont porté sont traîtres et déloyaux. — Certes, dit le chevalier, je ne veux pas sauver ma vie en accusant les juges : ils ont fait ce qu’ils devaient. — Dis plutôt qu’ils seront à jamais honnis par tous les prud’hommes du monde ; et toi qui soutiens leur félonie tu recevras la mort. » Il hausse l’épée, l’autre ne l’attend pas et fuit à travers prés ; quand l’haleine lui manque il crie de