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lancelot du lac.

Ils en étaient là, quand Artus sortit avec les barons de Carmelide de la salle où le jugement venait d’être prononcé. Il s’assit, les barons se rangèrent à ses côtés. La reine se tint à part, ne laissant entrevoir aucune émotion. Et Bertolais, chargé de la parole, dit de façon à être bien entendu :

« Écoutez, seigneurs barons de Bretagne, le jugement rendu par le commandement du roi Artus, contre la femme qui avait été durant trop de temps sa royale compagne. Pour faire droit contre un tel forfait, la coupable devrait perdre la vie ; mais nous devons avoir égard à l’honneur qu’elle eut longtemps, bien que sans droit, de partager la couche du roi. Il devra suffire à justice qu’elle soit dépouillée de tout ce qu’elle avait revêtu le jour de son mariage. Comme elle a porté couronne contre raison, les cheveux qui l’ont reçue seront coupés, ainsi que le cuir des mains qui l’ont posée sur sa tête. Les deux pommettes de ses joues sur lesquelles l’huile sainte fut répandue seront tranchées : dans cet état, elle s’éloignera de la terre de Logres, et se gardera de jamais reparaître devant notre sire le roi. »

Grande fut l’indignation de messire Gauvain et des barons de Logres, en entendant la sentence. Chacun à l’envi déclara qu’il ne sié-