LXVIII.
e royaume de Logres avait eu bien à souffrir de l’absence du roi Artus. Les barons, n’ayant plus rien à craindre du suzerain, entretenaient au grand détriment du peuple des guerres privées.
Ceux qui jusqu’alors avaient été les plus faciles
à maintenir dans la droite voie devenaient les
plus cruels ennemis de la paix ; briseurs de
chemins, ravisseurs du bien des veuves et de
l’honneur des filles, fléaux des orphelins et
des églises. Il fallait porter remède à de si
grands maux. De toutes les parties du royaume
les plaintes arrivaient à la reine, et ceux même qui avaient le plus abusé de la force reconnaissaient la nécessité de rétablir l’autorité suprême.
Les plus hauts tenanciers caressaient d’ailleurs
l’espoir de voir tomber sur eux le choix du plus grand nombre. Le roi Aguisel d’Écosse, cousin
d’Artus, se flattait surtout de recueillir la succession du roi. Il est vrai que mess. Gauvain était
parent, plus proche encore, mais sa grande
loyauté donnait à penser qu’il refuserait d’occuper la
place de son oncle.
L’Assemblée générale des barons fut donc convoquée. Aguisel parla le premier de la né-