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la fausse genièvre.

demoiselle s’était chargé de les conduire. Bientôt, il dit tout bas au roi : « Sire, le porc est assez près d’ici ; mais le bruit des pas de tous ces chevaux va le faire lever, et si vous tenez à l’honneur d’être premier à le joindre, il serait mieux de laisser vos chevaliers. — C’est bien penser, » répond le roi. Il fait signe à ses compagnons de prendre d’un autre côté et ne retient que deux veneurs avec lesquels il s’engage dans un épais fourré.

Mais en regardant autour de lui, Artus commence à s’étonner de ne pas entendre de bruit dans le feuillage, et de ne pas voir la bête. Tout à coup il est environné de chevaliers qui, le heaume lacé, le haubert endossé et le glaive au poing, l’avertissent de ne pas tenter une résistance inutile. Le roi se voyant trahi lève son épée et résiste de son mieux ; mais son cheval mortellement frappé s’affaisse sous lui, les deux veneurs sont liés, lui-même est désarmé. On lui attache les mains, on le lève sur un palefroi qui l’emmène d’un pas rapide. Le chevalier qui l’avait conduit s’était hâté de rebrousser chemin, et quand il fut à distance, il donna du cor pour attirer de son côté les chevaliers du roi. « Entendez-vous ce cor, leur dit mess. Gauvain ? c’est le roi qui le fait donner ; allons d’où le vent l’apporte. » Comme on devine, ils s’éloignèrent du roi de plus en