Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
lancelot blessé par meléagan.

pas de son maître. Pour Lancelot, pendant que Meléagan se relève à grand’peine, il va et vient, arrête ceux qu’il rencontre et les désarçonne plus ou moins meurtris. On dirait que chaque victoire lui donne des forces nouvelles : Lionel a peine à le suivre pour lui fournir les lances qu’il ne cesse de demander. Pendant qu’on entend de tous les côtés de nouveaux cris d’admiration, Meléagan s’était remis sur pied, et avait demandé un autre cheval non moins vigoureux : « Que je meure, se dit-il, si je ne me venge ! » Non content d’empoigner la plus forte lance, il en fait aiguiser la pointe et attend Lancelot, comme il passait rapidement près de lui avant d’en être vu, il enfonce le glaive effilé dans la cuisse gauche de l’invincible chevalier. Le bois pénètre profondément, la pointe détachée de la hante reste fichée dans la plaie qu’elle avait ouverte. Lancelot eut le temps de répondre par un furieux coup de lance et de jeter Meléagan hors des arçons. Puis il se détourne pour arracher le tronçon demeuré dans sa cuisse ; le sang en jaillit à gros bouillons. On vient à lui, on l’entoure, on l’aide à descendre, et les chevaliers du parti de Galehaut justement indignés contre le déloyal béhourdeur, jettent leurs lances et refusent de continuer les joutes. Pour Galehaut, il n’était plus dans la prairie, il tenait conseil avec ses