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meléagan.

avait la barbe et les cheveux roux, et il était d’un orgueil extrême : pour rien qu’on pût lui remontrer, il n’eût renoncé à ses entreprises, quelque mauvaises qu’elles fussent. Son dédain de débonnaireté lui avait mérité le renom du plus cruel et du plus félon des hommes.

Il était venu à l’assemblée, le jour que Galehaut avait baillé sa terre au roi Baudemagus. Son intention était, non de prendre part au conseil, mais de voir Lancelot dont on lui avait raconté les prouesses. D’avance il le haïssait, indigné qu’on pût mettre la valeur d’un autre en balance avec la sienne. Il ne changea pas de sentiment après avoir vu Lancelot ; et la nuit suivante il dit à son père :

« Votre Lancelot n’a ni les membres ni la taille d’un chevalier plus preux, plus vaillant que les autres. — Beau fils, répondit Baudemagus en branlant la tête, la grandeur du corps, la force des membres ne font pas le bon chevalier comme la grandeur du cœur. Tu n’obtiendras pas le renom de Lancelot, pour être aussi bien membré que lui ; car on honore Lancelot pour être le plus preux de tous les chevaliers vivants et il a ce renom dans toutes les terres.

« — Je ne suis pas, répond Meléagan, moins prisé dans mon pays qu’il ne l’est dans le sien ; et puisse Dieu me laisser vivre assez