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lancelot du lac.

lier errant avait réduit à merci le tyran Ségurade[1]. Messire Allier me parlait souvent des chevaliers de la maison du roi Artus, de messire Gauvain, de Sagremor le desréé ; surtout il m’avait recommandé de ne jamais voir un compagnon de la Table-Ronde sans chercher à connaître son nom.

« — Je n’ai jamais caché le mien, dit alors le chevalier ; et je ne veux pas commencer avec vous. On m’appelle Gauvain, le neveu du roi Artus. – Ah ! messire Gauvain, soyez de tous les chevaliers le mieux venu ! Tout le siècle parle de votre prouesse, et j’ai honte de vous avoir si peu honoré. Vous plairait-il de dire où vous allez ? – Oui ; je voudrais gagner la terre du prince Galehaut, le fils de la Géante[2], et j’ai l’espoir d’y trouver un jeune chevalier qui passe en prouesse tous

  1. Voyez t. I, p. 310.
  2. Dans le Tristan, la « géande » est femme de Brunor de l’Île aux géants ; elle meurt ainsi que Brunor de la main de Tristan, et Galehaut leur fils, arrivé pour les venger, pardonne au meurtrier. – Pour ce qui est d’Allier, son histoire est racontée un peu autrement, dans la partie inédite du livre d’Artus (ms. 337). Il était seigneur de Taningue et avait vu mourir tous ses fils, à l’exception du plus jeune, dans un combat contre les Saisnes qui avait aussi rendu veuve la dame de Roestoc. Alors Allier avait pris les draps de religion et n’avait plus fait parler de lui. On lui donne pour fils Helain de Taningue, que nous