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songe de galehaut.

Quand Galehaut put parler, il dit : « Maître, vous ne m’avez pas trompé, j’ai vu les grandes merveilles du monde. Je connais clairement qu’il ne me reste que trois ans à vivre, et je suis content de le savoir. Je n’en vaudrai que mieux. Vous pouvez être assuré que personne ne s’apercevra que j’aie rien perdu de mon enjouement naturel. — Je dois pourtant vous dire, reprend Helie, que vous pourrez dépasser ce terme mais il faudrait que ce fût par le moyen de la reine et qu’elle vous permît de retenir votre ami près de vous. Je n’ai plus rien à vous apprendre ; mais, encore une fois, gardez-vous de dire à votre ami rien de ce que je vous ai annoncé. »

Il sortit de la chapelle, et Galehaut revint à Lancelot qu’il trouva les yeux rougis de larmes. « Qu’avez-vous ? lui demanda-t-il. — Je n’ai rien, sire. — Oh ! je le sais, vous êtes inquiet de ce que le maître a pu me dire. Consolez-vous, il ne m’a rien annoncé dont je doive être mécontent. — Pour Dieu, reprend Lancelot, apprenez-moi quel est le sens de ces quarante-cinq planches dont les clercs vous ont entretenu, et pourquoi je dus sortir de la chambre : maître Helie vous a, sans doute, parlé soit de la reine, soit de moi. — Non, répond Galehaut, il ne fut question dans notre entretien ni de vous ni de la reine.