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la fausse genièvre.

vous les nonpairs du monde ; vous, le plus vaillant des rois, elle, la plus vaillante des reines. Laissez votre concubine et rendez à votre loyale épouse tout ce qu’elle eut toujours droit d’attendre de vous. Si vous ne le faites, ma dame vous défend, de par Dieu et de par ses amis, de garder la dot que vous avez reçue, la noble Table ronde. Vous la renverrez garnie du même nombre de chevaliers qu’au jour où vous la reçûtes du roi Leodagan. Et ne pensez pas en établir une seconde ; car dans le monde entier, il ne doit y en avoir qu’une.

« Maintenant, chevaliers, gardez de continuer à vous dire compagnons de la Table ronde, avant que le jugement n’en soit rendu. Et vous, roi Artus, si vous n’avouez pas que ma dame ait été trahie par la fausse demoiselle qui occupe encore sa place, je suis prête à montrer le contraire en votre cour, ou partout ailleurs. Le champion de la vérité sera le prud’homme que voici : il vaincra, car il a tout vu, tout entendu. »

La demoiselle cessa de parler, et la cour demeura longtemps interdite et silencieuse. La reine, indignée au fond du cœur, ne donnait aucun signe d’émotion et de courroux : elle semblait dédaigner de se justifier et ne regardait même pas son accusatrice. Il n’en était