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la fausse genièvre.

roi ne doit pas vivre avec femme non épousée. Je t’ai été donnée en loyal mariage ; J’ai été sacrée comme épouse et reine, de la main d’Eugène le bon évêque, dans la cité de Londres, au moutier de Saint-Étienne[1]. Je n’ai gardé l’honneur qui m’était dû qu’un seul jour. Soit par ton ordre, soit par l’ordre de ceux qui t’entouraient, j’ai vu tous mes droits méconnus et ma place occupée par celle qui jusqu’alors avait été ma serve chétive. La Genièvre qui passe pour ton épouse, au lieu de garder mon honneur comme elle était tenue de le faire même aux dépens du sien, a pourchassé ma mort et ma honte. Mais Dieu, qui n’oublie pas ceux qui l’implorent de cœur loyal, m’a tirée de ses piéges, à l’aide de ceux dont je ne pourrai jamais assez reconnaître la fidélité. J’ai pu secrètement sortir de la tour d’Hengist le Saxon, au milieu du Lac au Diable, où la fausse reine m’avait fait enfermer. Toute déshéritée que je sois, il me reste l’honneur et les moyens de réclamer ce qui m’est dû. Je demande vengeance de la malheureuse qui t’a si longtemps tenu en péché mortel. Elle devra recevoir la juste peine dont elle

  1. Dans le livre d’Artus (t. II, p. 234). C’est non pas à Londres, mais à Caroaise et de la main de l’archevêque Dubricius que le mariage est célébré.