Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
la fausse genièvre.

mais en le faisant je sais que je jetterai votre cour dans le plus merveilleux étonnement. Apprenez donc, sire, que ma dame est la reine Genièvre, fille du roi Leodagan de Carmelide. Avant de vous parler en son nom, veuillez prendre et faire lire ces lettres scellées de son scel. »

Alors s’avance un chevalier de grand âge qui remet à la demoiselle une boîte d’or richement ornée et garnie de pierres précieuses. Elle l’ouvre, en tire des lettres qu’elle présente au roi : « Sire, elles doivent être lues en présence de tous vos chevaliers, de toutes vos dames et demoiselles. » Le roi, muet d’étonnement, regarde la demoiselle, puis envoie quérir la reine et toutes les dames dispersées dans les chambres. Elles arrivent de tous côtés, et la demoiselle demande une seconde fois que la lecture ne soit pas retardée. Le roi les tend à celui de ses clercs qu’il savait le plus habile. Le clerc déploie le parchemin, lit à part, puis se sent pris d’angoisse, et des larmes coulent de ses yeux. « Qu’avez-vous ? dit le roi ; lisez tout haut. Je suis impatient de savoir le contenu de ces lettres. » Le clerc, au lieu d’obéir, regarde la reine alors appuyée sur l’épaule de mess. Gauvain. Il tremble de tous ses membres, il chancelle et serait tombé, sans messire Yvain qui se hâta de le retenir. Le roi,