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lancelot du lac.

« Que vous est-il donc arrivé ? dit Galehaut. Ai-je perdu quelqu’un de mes amis ? — Non sire, vous n’avez perdu aucun de vos amis, grâce à Dieu ! » Galehaut ne veut pas en entendre davantage ; il pique son cheval, salue d’un air riant ses chevaliers, en passant devant eux. L’oncle le suivait de son mieux : « Bel oncle lui dit Galehaut, je vous avais jusqu’à présent trouvé des plus fermes ; il faut que vous ayez bien changé, si vous avez pensé qu’une ruine de terre ou une perte d’avoir pût me causer un vrai chagrin. Dites hardiment ce que j’ai perdu, et sachez que je n’ai souci d’aucune perte ni d’aucun gain. — Sire, il n’y a pas jusqu’à présent de grands dommages, mais il y a des présages merveilleux. Dans tout le royaume de Sorelois, il n’est pas une forteresse dont la moitié ne se soit écroulée dans la même nuit. — Je m’en consolerai facilement, reprit Galehaut. J’ai vu fondre le château que j’aimais le mieux, et je n’en ai pas été plus mal à l’aise. Grâce à Dieu, j’ai reçu le don d’un cœur qui n’eût assurément pu tenir dans la poitrine d’un petit homme ; il ne m’a jamais fait défaut. Les gens moins bien fournis de ce côté ne comprendront jamais mon peu de souci de ce qui les accablerait. Pourquoi s’émouvoir des merveilles qui arrivent à mon occasion ? ne suis-je