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lancelot du lac.

embrassé : « Beau sire, reprend Lambègue, mon oncle, votre maître, vous salue. Ce n’est plus mon maître. Vous qui nous avez rejoints, vous êtes celui de mon frère Bohordin ; pour moi, je suis à cette demoiselle. Dites-nous cependant comment le fait Pharien. — Sire, il est, grâce à Dieu, en bon point ; mais il a eu de mauvais temps à passer. » Il conte alors ce qui leur est arrivé depuis le jour de leur séparation : le siége de la tour, le soulèvement des barons et des bourgeois de Gannes ; la retraite de Claudas. « Et Dorin, reprend Lionel, est-il remis du coup que mon frère lui a porté ? — Remis, dit en riant Lambègue, comme celui qui ne s’en plaindra jamais. — Dites-vous qu’il soit mort ? — Oui, je l’ai vu glacé, sans âme, le corps en bière. — Oh s’il en est ainsi, je suis sûr de rentrer en mon droit héritage. Dieu laisse vivre assez longtemps Claudas, pour lui apprendre ce qu’il en coûte de ravir la terre des autres ! » Tous s’émerveillèrent de ces fières paroles. Lambègue alors fit comprendre à l’enfant que Pharien ne pourrait sortir de la tour avant d’avoir persuadé aux gens de Gannes que leurs jeunes seigneurs étaient à l’abri des poursuites de Claudas. Et la Dame du lac, arrivant, demanda à Lionel s’il voulait aller le voir. « – Dame, je suivrai ce que me conseillera ma demoiselle. — Et comment a-t-elle pris tant