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lancelot du lac.

temps de réunir les maîtres et les deux enfants. Mais Pharien avait à se défendre des bourgeois de Gannes qui le tenaient à son tour assiégé, l’accusant d’avoir pris contre eux le parti de Claudas, et d’avoir sacrifié les fils du roi Bohor. La Dame du lac donna mission à l’une de ses demoiselles de se rendre à Gannes, et d’en ramener Pharien. Lionel, quand elle partit, lui confia sa ceinture et celle de son frère : « En les reconnaissant, lui dit-il, ils n’hésiteront pas à vous suivre. Mais, ajouta la Dame du lac, contentez-vous, demoiselle, de ramener les deux maîtres. Il ne faut pas laisser deviner à d’autres le secret de ma demeure. »

En arrivant à Gannes, la demoiselle s’enquit de celui qui parmi les habitants avait le plus d’autorité. On lui désigna Léonce de Paerne, proche parent du roi Ban, qui ne tenait rien de Claudas et demeurait fidèle aux héritiers des deux rois de Gannes et de Benoïc. Sans éveiller la défiance des bourgeois, Léonce entra dans la tour où Pharien et Lambègue étaient assiégés. Qu’on se représente la joie des deux maîtres en reconnaissant aux mains de la demoiselle la ceinture de leurs élèves qui, leur dit-on, ne désiraient rien tant que de les revoir ! « Ma demoiselle dit Pharien, vous connaissez les mauvais sentiments des gens de la ville ; ils nous accusent de félonie et ne me croiront pas