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lancelot du lac.

place livré deux chiens. Le nierez-vous ? Les voici devant vous. »

Claudas regarde, paraît surpris, interdit. Après avoir un peu pensé : « Voilà bien, dit-il, les lévriers que la demoiselle avait amenés ce matin. C’est elle qui en aura fait l’échange contre les enfants. Mais, beau doux ami Pharien, ne m’accusez pas devant tous vos amis, je suis prêt à jurer que j’ai tenu ce que j’avais promis, et que le blâme de ce qui arrive ne peut retomber sur moi. Je consens à garder même votre prison jusqu’au moment où l’on saura ce que les enfants sont devenus. »

Pharien ajoute foi aux paroles de Claudas ; car il avait vu la demoiselle mener en laisse les lévriers et couronner de fleurs les deux enfants. Mais l’offre que lui fait le roi Claudas de tenir sa prison le met dans une autre crainte. Il connaît la haine furieuse de son neveu Lambègue, et la vie de Claudas lui paraît en grand danger, s’il vient à le prendre en sa garde. Lambègue le défiera ou le frappera sans le défier, et, dans les deux cas, il aura une vengeance à poursuivre contre Claudas, en raison de l’injure qu’il lui a faite en lui enlevant l’amour de sa femme ; contre Lambègue, meurtrier de celui qui se sera confié à sa garde. Il répond donc au roi que, tout en ajoutant foi à ses paroles, il ne peut promettre que les gens de Gannes soient aussi faciles à per-