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les enfances.

reçu ton hommage ? S’il t’avait déshérité, encore le devrais-tu défendre de mort. — Comment ! fils de mauvaise mère, répond Lambègue, voudrez-vous garantir le traître infâme qui vous a honni, qui menace aujourd’hui la vie de nos seigneurs liges ? – Neveu, écoute-moi : il n’est jamais permis de pourchasser la mort de son seigneur, avant de lui avoir rendu la foi. Quelque chose qu’ait fait Claudas ou qu’il veuille faire, nous sommes ses hommes et tenus de garantir sa vie. Nous ne nous sommes levés contre lui que pour le salut des enfants de notre premier seigneur que nous avions en garde. » Ce disant, Pharien saisissait le nazal du heaume de Claudas et découvrait son visage à demi. Et le roi qui avait bien entendu ce qu’il avait dit : « Ah Pharien, soyez loué ! Prenez mon épée, je la rends au plus loyal des chevaliers. Je vous remettrai les deux enfants ; mais ils n’auraient eu rien à craindre, quand même je les eusse tenus dans la tour de Bourges. »

Pharien aussitôt donna l’ordre de cesser l’assaut. Il apprit aux gens de Gannes que le roi Claudas consentait à rendre les enfants, et qu’ils ne devaient pas tarder à les revoir. Puis il entra dans le palais avec Claudas ; les deux lévriers, que tout le monde croyait reconnaître pour les fils de Bohor, furent amenés et remis aux mains