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les enfances.

ment des hommes de Gannes, ils prirent les devants et allèrent l’assiéger dans son palais. « Nous avons, dit Pharien, plus de gens que le roi Claudas ne peut en réunir. Nous avons pour nous le droit, puisqu’il s’agit de la vie de nos seigneurs ; nous gagnerons, en les défendant, honneur dans le siècle, bon loyer dans le ciel ; car on doit, pour garder le corps de son droit seigneur, mettre le sien en péril. Mourir pour lui, c’est comme si l’on mourait pour les Sarrasins. »

Chevaliers, sergents, bourgeois et fils de bourgeois entourèrent le palais au nombre de plus de trente mille. Le roi Claudas, à leur approche, demanda froidement ses armes. Il endossa le haubert, laça le heaume, pendit l’écu à son cou et ferma l’épée acérée à son flanc gauche. Puis il se montra aux fenêtres, tenant en main sa grande hache de combat. « Pharien, » demanda-t-il au sénéchal qu’il aperçut dans la foule, « qu’y a-t-il, et que veulent toutes ces gens ?

— Ils redemandent leurs droits seigneurs, les fils du roi Bohor.

— Comment, Pharien ! ne sont-ils pas comme vous mes hommes ?

— Sire roi, nous ne sommes pas venus ici pour tenir plaids. J’avais en garde les deux fils du roi Bohor ; il faut que vous nous les rendiez. Demandez ensuite ce qu’il vous plaira,