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lancelot du lac.

terres de Gannes et de Benoïc aux mains de Claudas ; les droits héritiers en ont le dommage et le suzerain la honte. Dès demain j’entends passer la mer et faire ma clameur au roi Artus. »

Avant de prendre congé, le prud’homme vit la reine de Gannes et lui apprit qu’elle n’avait rien à craindre pour la vie de ses deux enfants ; qu’ils étaient, il est vrai, chez le roi Claudas avec leurs maîtres, mais que Claudas se garderait d’attenter à leurs jours, par la crainte des nombreux amis qui leur étaient demeurés. Il fut, à quelques jours de là, dans la ville de Londres où il trouva le roi Artus revenant de combattre Aguisel, roi d’Écosse, après l’avoir contraint à demander la paix. Artus était aussi convenu avec le roi d’Outre les marches d’une trêve qui devait se prolonger jusqu’à Pâques. Comme il était assis au manger, entouré de ses barons et chevaliers, le prud’homme entra dans la salle, et, s’avançant au pied de la grande table, il dit d’une voix haute et assurée : « Roi Artus, Dieu te sauve comme le plus preux et le meilleur des rois, fors un seul point. – Sire rendu, répond le roi, que je mérite ou non votre blâme et votre louange, Dieu vous bénisse ! Dites au moins ce qui m’empêche d’être un bon roi. — Volontiers, sire. Oui, tu maintiens noblement chevalerie ; tu as conquis grand hon-