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lancelot du lac.

fils, je tremble de lui avoir donné, sans le vouloir, sujet de me haïr. »

Le prud’homme répondit : « Je vois, Madame, que vous avez grande raison de pleurer : mais vous ne devez pas vous affliger sans mesure. Puisque vous avez pris les draps de religion, vous feriez mieux de mener votre deuil dans l’abbaye, en vous contentant de pleurer dans votre cellule. Dieu pardonne au roi que vous avez perdu ! Mais rassurez-vous sur le sort de votre fils il est vivant et en santé. – Sire, que me dites-vous là ? » s’écria la reine, en se jetant à ses pieds. — « J’atteste mon manteau, que votre fils Lancelot est en aussi bon point que possible. — Et comment le savez-vous ? — Par ceux qui sont de sa compagnie. Il serait avec vous, et vous seriez encore dame de Benoïc qu’il n’aurait pas un meilleur hôtel. – Mais, sire, cet hôtel, où est-il ? Si je ne dois plus penser à rejoindre mon enfant, ne pourrai-je au moins tourner les yeux vers les lieux qui le retiennent ? — Non, dame, j’ai promis de garder le secret qu’on m’en a confié, et vous ne voulez pas que je me parjure. » La reine n’insista pas, mais invita le prud’homme à l’accompagner jusqu’à l’abbaye. Là trouverait-il peut-être des dames dont le nom lui serait familier. Le prud’homme y consentit.

Arrivés au Moutier-Royal, plusieurs dames le