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lancelot du lac.

pays, et, si vous le trouvez bon, je vous remettrai sur le chemin. » Hector le remercie et se laisse conduire. Ils suivent un sentier peu frayé : « Ne soyez pas inquiet, nous prenons de ce côté pour gagner du temps. » Une source, la Fontaine à l’Ermite, était sur leur passage : « N’auriez-vous pas envie de manger ? » demande le valet. « Pour moi, je me sens un grand appétit : j’ai un pain que nous pouvons partager ; mais je n’aurais pas faim que je puiserais encore de l’eau à cette fontaine, la plus merveilleuse de toute la Bretagne. Il n’est pas de plaie grave et merveilleuse qu’elle ne ferme et ne cicatrise. Descendez, s’il vous plaît, nous y ferons deux ou trois soupes[1]. » Hector se laisse persuader, descend, ôte son heaume, suspend son écu à une branche voisine, et l’écuyer, après s’être chargé d’attacher le destrier, taille plusieurs soupes qu’il présente à Hector. Quand il le voit penché sur la fontaine, il passe l’écu à son cou, saisit le heaume, monte sur le destrier et s’éloigne à toutes brides. Hector se tourne, voit qu’il est trahi, enfourche le roncin et suit le valet d’aussi près qu’il peut, jusqu’à la porte d’un château qu’on appelait les Mares. Alors l’écuyer s’esquive en entrant dans une maison

  1. Le mot soupe répond exactement à tranche de pain trempé.