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hector et le nain.

cienne forêt qu’il fallait traverser avant d’arriver dans une vaste lande. Ils aperçurent alors, à leur droite, une pucelle qu’un chevalier emmenait de force ; à leur gauche, un autre chevalier qui, vivement poursuivi par deux fervêtus, cherchait un refuge dans la forêt. « Voilà, dit Sagremor, deux aventures : il en manque une troisième pour que nous ayons chacun la nôtre. » En ce moment un grand bruit de plaintes et de malédictions part de la forêt : « Vraiment, dit Hector, je crois que Dieu a entendu Sagremor : c’est la troisième. Prenons chacun la nôtre. » Sagremor dit : « J’irai au chevalier poursuivi. » Messire Yvain : « Je suivrai la demoiselle. — Et moi, dit Hector, je verrai d’où part le grand bruit. »

Nous pourrons savoir plus tard ce qu’il advint de Sagremor et de messire Yvain. Pour Hector, il chevaucha du côté des voix et joignit bientôt une grande assemblée de gens qui escortaient une bière avec de grandes démonstrations de douleur. Un nain monté sur un maigre cheval fermait le cortége : « Pourquoi ce grand deuil ? » lui demande Hector. Le nain ne répond pas. — « Je te demande pourquoi ce grand deuil. » Même silence. — « Tu es bien vilain de ne pas répondre, et tu mériterais une buffe. — Frappe, et je répondrai. — Le diable te frappe ! moi, je ne daignerais. Parle de ton plein gré.