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lancelot du lac.

longtemps à coups menus et pressés. Marganor pourtant se hâtait moins de jeter que de bien atteindre. Hector, plus confiant dans ses forces, faisait tomber une grêle continue de coups sur les armes de son adversaire, jusqu’à ce que son haubert fendu, sa chair sanglante et découverte, son bras alourdi, tout lui fit une nécessité de parer au lieu de pousser en avant. Enfin vers midi il reprend l’offensive. Marganor, inquiet, étonné de ce retour, recule et se défend comme il peut : « Sire chevalier, dit-il, je reconnais votre prouesse : mais, puisque nous combattons sans raison sérieuse, ne serait-il pas dommage qu’un de nous laissât ici la vie ? Croyez-m’en, posons les armes : j’aimerais mieux perdre dix de mes hommes que d’avoir à me reprocher votre mort. — Si vous voulez cesser, chevalier, confessez-vous outré. — Jamais, s’il plaît à Dieu ! et puisque vous refusez mes offres, que l’honneur soit à qui Dieu le donnera ! »

Le combat fut long encore. Hector enfin, d’un effort suprême, lève à deux mains son épée qui retombe sur le heaume, l’entr’ouvre et fait ployer à genoux le sénéchal. Il arrache ensuite aisément le heaume et le jette dans les mares : « Criez merci ! — Non » répond Marganor en se débarrassant de son étreinte ; « ce heaume m’échauffait trop. » Et la tête à