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lancelot du lac.

permet pas de demeurer sur le pont. Cependant on allait dire à Marganor qu’un preux chevalier nouvellement arrivé dans le château avait démonté et retenu deux de ses hommes : « Il serait encore plus preux, dit Marganor, qu’il trouvera meilleur que lui. » Et il fait avancer tous ses chevaliers sur le pont, en dépit des flèches, des pierres et des épieux tranchants que les chevaliers du château faisaient pleuvoir. Hector obtient du seigneur de l’Étroite marche une seconde permission de sortir de la barbacane, mais aux mêmes conditions. À peine a-t-il poussé son cheval sur la chaussée qu’il vise un chevalier de Morganor et lui fiche dans le bras la pointe de son glaive. Resté maître de la chaussée, il avance sur le pont ; un deuxième chevalier lui fait de l’autre côté signe de venir à lui : « Je ne puis, dit Hector ; j’ai promis de m’arrêter ici : passez vous-même. — Oh ! ce n’est pas la crainte du parjure qui vous retient. » Ces mots font monter la rougeur au front d’Hector : « Attendez au moins, répond-il, que j’aille dégager ma promesse. — Je le veux bien ; mais je doute que vous reveniez. »

Tout ce qu’Hector put obtenir, c’est qu’il ne passerait pas si Marganor refusait de s’engager à ne lui opposer qu’un seul chevalier, et à le laisser librement retourner à la barbacane.