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lancelot du lac.

témoigner des hauts faits d’un chevalier, la reine consentait parfois à le retenir de sa maison ; et c’est ainsi qu’elle avait longtemps auparavant retenu Sagremor le desréé[1].

Après le départ d’Hector, la reine alla, comme elle avait promis, tenter de réconforter la nièce de Groadain, qui, dès qu’elle fut arrivée, lui dit froidement : « Madame, puisse Dieu vous donner de votre ami la même joie que me donne celui que vous avez fait partir ! » Ces paroles firent tressaillir la reine qui ne devait pas tarder à les voir justifiées.

Comme la dame de Roestoc faisait ses préparatifs de départ, un valet était arrivé, portant un écu rompu, traversé de pointes de lances et de tranchants d’épée. L’écu était d’or au lion de sinople. Il demanda à voir la reine et la dame de Roestoc : « Madame, dit-il à la reine, je vous apporte bonnes nouvelles de monseigneur Gauvain ; il est sain et joyeux. » Avant de le laisser continuer, la reine touche à l’écu, le baise et le

  1. On voit que le rédacteur du Lancelot connaissait mal le livre d’Artus, où Sagremor, neveu de l’empereur de Constantinople, est admis, le jour même qu’il est présenté au roi, parmi les chevaliers de sa maison. (Voy. t. II. p. 204.) Ajoutons que dans une première rédaction du roman d’Artus, fournie par le manuscrit Bachelin, fo 96, Sagremor est fils de Nabor le desréé, père nourricier de Mordret.