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la nièce de groadain.

mauvaise fortune à votre ami, vous en subiriez les conséquences : les plus preux ne sont pas toujours les plus heureux. Si Hector est une seule fois vaincu, vous le serez également, et le vainqueur d’Hector fera de vous sa volonté. — Oh ! répond-elle, s’il arrive mal à mon ami, je ne lui survivrai pas. » Cependant on lui en dit tant qu’elle consentit à demeurer. Hector aussitôt demande ses armes ; il ceint l’épée, présent de la demoiselle de Norgalles que messire Gauvain venait de lui faire tenir, ainsi que le conte le dira tout à l’heure. Avant de lacer son heaume et ganter ses mains, il se rendit près du roi Artus, se mit à genoux et, devant les saints, il jura d’enquerre pendant un an le chevalier vainqueur de Segurade, et de dire au retour ce qui lui serait arrivé à son honneur ou à son désavantage. Puis il se hâta de lacer le heaume, pour cacher les pleurs qu’il ne pouvait retenir, et revint prier la reine de plaider sa cause auprès de sa dolente amie. La reine le mit au nombre des chevaliers de sa maison, et lui fit espérer d’être jugé digne à son retour de compter parmi les compagnons de la Table ronde. En ce temps-là, on ne pouvait aspirer à ce dernier honneur avant d’avoir fait acte signalé de prouesse, à la vue du roi ou d’après le récit des compagnons de la Table ronde. Mais quand d’autres gens d’honneur, barons ou dames, venaient