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la reine aux grandes douleurs.

besoin de votre conseil. La nuit dernière, j’ai surpris dans la compagnie de ma femme épousée un de vos chevaliers. – Quel est-il ? demanda vivement Claudas. – Je ne sais ; ma femme a refusé de le nommer mais il est de votre maison. Que dois-je faire ? Et si telle chose vous arrivait, que feriez-vous ? – En vérité, Pharien, répondit Claudas, si je le prenais sur le fait, comme cela paraît vous être arrivé, je le tuerais. – Cent mercis, mon seigneur ! » Mais le roi n’avait ainsi parlé que pour mieux aller au-devant des soupçons de Pharien.

Rentré chez lui, le sénéchal ne dit pas un mot de reproche ou de plainte, mais il alla prendre sa femme par la main et la conduisit dans la tour de sa maison. Un vieille matrone eut charge de pourvoir à son manger, à tout ce qui pouvait lui être nécessaire. La chose demeura longtemps secrète ; enfin la dame trouva moyen de faire avertir Claudas qui, allant à quelques jours de là chasser dans la forêt de Gannes, envoya vers Pharien un écuyer pour lui annoncer qu’il viendrait dîner chez lui. Le sénéchal accueillit le message avec de grands semblants de joie ; la dolente prisonnière fut tirée de la tour et froidement avertie de bien recevoir le roi. Puis il alla au-devant de Claudas, le remercia de l’honneur qu’il recevait, et mit la maison à sa dis-