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lancelot du lac.

chaire, une seconde demoiselle plus belle encore : « Vous êtes, lui dit celle-ci, mon prisonnier ; mais il ne tiendra qu’à vous de vous affranchir. » Alors deux chevaliers ouvrent la porte avec fracas, et fondent sur lui. Messire Gauvain les reçoit de pied ferme, et, levant sa bonne épée, fend le premier heaume et tranche les mailles de la coiffe. Le chevalier chancelle et va chercher un appui contre le mur. Le second chevalier frappait par derrière ; messire Gauvain sans le regarder tourne le bras et d’un revers l’étend sur la jonchée[1]. « Apprends, glouton, dit-il, à mieux faire une autre fois. Est-ce là, demoiselle, la rançon que vous demandez, ou faut-il encore travailler à vous mériter ? — Pour le moment, ce que vous avez fait suffit ; mais vous n’êtes pas au terme de l’aventure. — Au moins vous, belle pucelle, dit messire Gauvain à celle qui tenait l’épée, vous devez nommer les deux chevaliers dont vous étiez en quête. — Attendez : nous ne sommes pas encore à la plus belle chambre. » Elle sort et messire Gauvain la suit jusque dans une salle des mieux parées. Au milieu se trouvait un lit à riches courtines, gardé par dix che-

  1. Les salles même les plus somptueuses n’étaient pas ordinairement pavées, encore moins parquetées. On couvrait la terre de fleurs et d’herbes odoriférantes, de là le mot joncher, couvrir de joncs.