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gauvain et la demoiselle à l’épée.

à la porte ; on ouvre. Mais quand messire Gauvain veut avancer, un chevalier lui crie du milieu de la cour : « On n’entre pas sans combattre. » Il se met en garde : le chevalier vient briser une lance sur son écu ; mais, atteint plus sûrement, il vide les arçons. Messire Gauvain passe outre sur les pas de la demoiselle qu’il voyait entrer dans une salle de plain-pied : « Demoiselle, de grâce attendez-moi, lui dit-il. — Non vous me retrouverez dans la plus belle chambre de la maison. » Cependant le chevalier abattu s’était relevé, et revenait l’épée haute : il frappe le cou du cheval qui fléchit, s’étend et meurt. Messire Gauvain, indigné d’être mis à pied, se dégage, court au chevalier, le fait tomber à terre ; lui arrache le heaume et allait lui trancher la tête, quand d’une fenêtre une pucelle lui crie : « Arrêtez ! arrêtez ! je le prends sous ma garde. — En votre faveur, demoiselle, je lui pardonne ; mais ce glouton a tué vilainement mon cheval. » Et il se hâte de rejoindre la Pucelle à l’épée, dans la salle la plus voisine. Là un second chevalier l’atteint d’un grand coup de lance qui porte sur l’écu sans l’entamer. Messire Gauvain le frappe d’une main plus sûre ; il lui tranche le bras droit jusqu’à l’os, et le malheureux s’enfuit en retenant de l’autre main ses chairs pantelantes. Messire Gauvain gagne alors la seconde chambre. Près de la pucelle à l’épée, était assise, dans une haute