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gauvain en quête de lancelot.

on ne connaissait pas encore cet ordre en Grande-Bretagne ; les religieux portaient le seul nom d’Abstinents. Messire Gauvain était sûr d’un bon accueil en disant qu’il était chevalier errant ; car en ce temps-là, toutes les maisons s’ouvraient aux chevaliers ; dans les profondes forêts, sur les hautes montagnes, il y avait toujours quelque ermitage où les voyageurs étaient assurés de trouver un gîte, un repas et de bons enseignements. Le plus souvent l’ermite était un ancien chevalier, qui, comme Alyer, le père d’Helain de Taningue, après avoir été preux avec les hommes, voulait se rendre preux envers Dieu. Nul ne compatit mieux aux prud’hommes que ceux qui prud’hommes furent eux-mêmes.

Gauvain dormit bien, se leva de grand matin, s’arma, remercia les Abstinents, et se remit à la voie. Il arriva à l’entrée d’une grande lande qui laissait voir à droite la belle et noble ville de Cambenic, siège du duc Escans ; et devant lui la forêt de Brequelan. La rivière qui coulait déjà devant la maison du Bienfait la partageait en deux, et servait de limite d’un côté au royaume de Norgalles, de l’autre au duché de Cambenic.

En avançant dans cette lande, Gauvain crut entendre à main droite la voix d’une femme qui chantait. Il prend de ce côté, et bientôt arrive à portée d’une pucelle de belle apparence qui tenait suspendue à son cou une épée dont