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lancelot du lac.

— « Je ne voudrais pas vous refuser, répond messire Gauvain ; mais vous êtes un riche baron et je ne puis vous armer en ce moment comme il conviendrait : je n’ai le temps ni l’adoubement nécessaires. — Oh ! sire, il n’est pour cela besoin de grande compagnie. J’ai bien ce qu’il faut ici, la chapelle, le chapelain, les robes et les armes. — Préparez-vous donc pour demain matin ; je ne puis faire plus long séjour. »

Le valet se rendit aussitôt à la chapelle et commença la veille : messire Gauvain alla reposer, la sage demoiselle se tenant près de son lit jusqu’au moment où il s’endormit. Au matin, il n’eut plus aucun ressentiment de ses blessures ; il se leva, alla entendre la messe, puis ceignit l’épée au valet et lui attacha l’éperon dextre. Le nouveau chevalier avait nom Helain de Taningue. Plus tard, il fut surnommé le hardi, à l’occasion d’une aventure qu’il mit à fin devant le roi Artus.

Messire Gauvain lui demanda congé. Helain, avant de le recommander à Dieu, lui dit : « Sire, vous m’avez fait chevalier, et je ne sais à qui je dois cet honneur : je n’insisterai pas, si votre volonté est de ne pas le dire, mais j’aurais grand regret de ne pouvoir nommer à ma dame de Roestoc le prud’homme qui m’aura donné l’adoubement. — Je vous dirai mon