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lancelot du lac.

et outré. — Merci, gentil chevalier ! mais ne m’obligez pas à dire le mot honteux. — C’est à votre dame à décider. » On va dire à la dame de Roestoc que son chevalier a vaincu ; elle arrive transportée de joie, tombe aux pieds de Gauvain, baise les mailles de ses chausses, l’or de ses éperons. « Madame que voulez-vous de ce chevalier ? — Sire, il n’est pas à moi, mais à vous ; faites-en votre plaisir. — Non, dame, je suis votre champion, j’ai défendu votre droit ; vous seule êtes la maîtresse. Je vous dirai seulement que Segurade, un des meilleurs chevaliers du monde, vous crie merci. — Cher sire, dit la dame, ce que vous ferez sera bien fait. » Gauvain alors le releva et Segurade se reconnut vassal de la dame de Roestoc.

Hector et le sénéchal le conduisent au château où la dame de Roestoc les avait précédés, oubliant messire Gauvain qui demeura presque seul en place. Un jeune valet du pays avait arrêté et retenu son cheval, au moment où les deux champions vidaient du même coup les arçons. Quand il le lui ramena, messire Gauvain s’aperçut qu’on l’avait laissé seul, et que la dame de Roestoc s’était éloignée sans le remercier. Il prit le chemin de la forêt. Le jeune valet croit devoir l’avertir que Roestoc est du côté opposé. — « Je le sais, frère ; mais j’ai affaire au bois, je