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gauvain et la dame de roestoc.

merveille sur les grands cœurs. » La dame charge une pucelle de lui apporter son écrin. Elle en tire une courroie à rainures d’or[1], un fermail ciselé en or d’Arabie incrusté d’émeraudes et de saphirs puis, attendant Gauvain à la porte du moutier : « Dieu, lui dit-elle, vous donne le bonjour[2] — Et à vous, dame, tous les jours de votre vie ! Quant à celui-ci, nous y avons égal intérêt. — Ah ! sire, je ne pourrai jamais faire autant pour vous que vous allez faire pour moi. Veuillez au moins prendre de mes drueries et les porter pour l’amour de celle qui veut être dès ce moment à toujours votre amie. » Gauvain prend la courroie et l’attache ; il passe le fermail à son cou : « Dame, faites meilleure chair : vous n’épouserez pas Segurade. — Ah ! » dit en ricanant le nain qui les écoutait, « ce mauvais chevalier est assurément fou ou pris de vin. »

Hector et le sénéchal armèrent eux-mêmes messire Gauvain, à l’exception des mains et de la tête ; une chape à pluie[3] fut jetée sur son haubert. On lui amène un palefroi ; il monte et les valets qui l’accompagnent portent, l’un son écu, l’autre son glaive, un troisième conduit en

  1. « À membres d’or. »
  2. Nous disons aujourd’hui, sans doute pour abréger : « Je vous donne le bonjour ! »
  3. Apparemment une sorte de toile cirée.