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lancelot du lac.

Enfin, à la descente d’une montagne, il aperçoit d’assez loin quatre chevaliers armés. Un d’entre eux quitte ses compagnons, arrive au galop sur lui la lance en arrêt, sans prendre le temps de le défier. Messire Gauvain se prépare à bien le recevoir ; mais l’autre se contente de saisir son cheval par le frein ; le cheval se dresse, peu s’en faut qu’il ne se renverse en arrière, et messire Gauvain reconnaît Sagremor : « Eh quoi, Desréé, lui dit-il, c’est à moi que vous en voulez ? — Ah ! sire, pardonnez : je ne vous avais pas reconnu. — Je l’ai bien vu, de par Dieu ! mais le mal n’est pas grand. Quels chevaliers étaient avec vous ? — Vous allez les reconnaître ; c’est messire Yvain, c’est Keu le sénéchal, c’est Giflet le fils Do. Après nous être séparés, nous nous sommes rencontrés hier, à l’issue d’un carrefour à sept voies. »

Les trois autres chevaliers en approchant furent ravis de se retrouver avec messire Gauvain ; comme, sans le vouloir, ils s’étaient rejoints, ils convinrent de chevaucher quelque temps de compagnie.

Les voilà devisant, riant, gabant ; mais étonnés de tant cheminer sans aventures. Enfin, à la descente d’un tertre, dans une grande plaine limitée par une forêt, leurs yeux s’arrêtent sur un grand pin qui couvrait de son ombrage une fontaine. Bientôt ils voient accourir au galop un