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nouvelle quête de gauvain.

Le roi ne tarda pas à regretter ses paroles. En se levant de table, il va chez la reine et la prie de faire en sorte de retenir Gauvain. La reine court aussitôt à l’hôtel de messire Gauvain et le trouva déjà couvert de ses armes, sauf la tête et les mains. « Beau neveu, lui dit-elle, est-il vrai que vous recommenciez votre quête ? Rien n’est plus vrai, dame. — Je viens, par la foi que vous me devez, vous demander un don. — Dame, sachez auparavant que, pour tous les royaumes du monde, je ne consentirais à demeurer. — Comment ! beau sire, se peut-il que pour vous enquérir d’un chevalier inconnu, vous laissiez votre oncle le roi Artus, accablé de douleur et du regret d’avoir trop légèrement parlé ? Attendez au moins que vous ayiez réuni les quarante chevaliers, vos premiers compagnons. — Pour ceux-là, dit messire Gauvain, c’est leur affaire, non la mienne ; qui voudra rester sous l’injure des paroles du roi, demeure ! pour moi, je n’entends revenir qu’après avoir vu de mes yeux le chevalier auquel nous devons la paix. »

La reine voit bien que rien ne lui ferait changer de résolution : « Dites au roi, fit encore messire Gauvain, que je ne renoncerai à la quête entreprise que dans le cas où il aurait à craindre d’être honni ou déshérité[1]. »

  1. Cet épisode du ressentiment de Gauvain contre