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nouvelle quête de gauvain.

dit-il, à cette demoiselle qui verse devant le roi ; prends de ses mains la coupe et dis-lui de venir me parler. »

Cette demoiselle était Laure de Carduel, fille d’un roi de Norvègue, jadis bouteiller du royaume de Logres, et d’une sœur du roi Artus. Elle était aimée de la reine, et le roi se plaisait à lui voir remplir l’office de son père.

Quand elle fut devant messire Gauvain : « Belle cousine, lui dit-il, allez dire au roi que nous le prions de nous apprendre pourquoi il rêve si longtemps, et quel conseil nous pourrions lui donner. » Laure revint au roi, bien empêchée de remplir ce message. Elle s’agenouilla, et, n’osant parler, saisit la nappe et la tira vivement devant elle. Le couteau échappa de la main d’Artus, qui, tout surpris, regarda la demoiselle : « Sire, dit-elle, messire Gauvain me charge de vous demander ce qui vous rend soucieux, et si vos hommes liges ne pourraient vous aider de leur conseil.

« — Retournez, et dites à ceux qui vous envoient qu’ils auraient mieux fait de ne pas vous donner ce message. Puisqu’ils veulent me faire parler, ils sauront que je pensais à leur honte. »

Laure rendit la réponse ; les chevaliers, d’abord interdits, se levèrent de table et s’étant approchés du roi : « Sire, vous nous avez dit que