Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/288

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
lancelot en sorelois.

Logres, ne savait où résidait Galehaut sinon les deux rois qui avaient été garants, et seuls aussi connaissaient le nom du chevalier que Galehaut y avait conduit. Mais les jeux, les plaisirs, les déduits d’oiseaux, de chiens ou de filets ne pouvant les distraire, ils seraient revenus à la cour du roi Artus, sans la crainte d’éveiller les soupçons de ceux qui entouraient la reine : les bonnes dispositions du roi ne les rassuraient pas, et ils attendaient avec impatience l’annonce de nouvelles assemblées pour avoir occasion de montrer leur prouesse et justifier le choix des dames de leurs pensées.

Il y avait un mois qu’ils étaient en Sorelois, quand la Dame du lac envoya vers Galehaut un jeune valet qu’elle le pria de nourrir, jusqu’au moment de l’armer chevalier. C’était Lionel le fils aîné du roi Bohor de Gannes. Lancelot n’eut pas de peine à le reconnaître ; il avait longtemps vécu avec lui chez la Dame du lac. Quand Lionel vint au monde, sa mère remarqua sur son sein une tache vermeille en forme de lion : de là le nom qu’elle lui avait donné. Quand elle avait voulu l’embrasser, il avait passé lui-même ses petits bras autour de son cou, en serrant comme s’il eût voulu l’étrangler. C’était le présage de sa prouesse, ainsi que le témoigne l’histoire de sa vie. La marque lui demeura jusqu’au jour où il combattit le lion couronné de Libye, dont il