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lancelot du lac.

pagnie à monseigneur Gauvain : « Éveillez-vous, sire, dit la reine en riant, c’est en vérité trop de paresse de dormir encore. » Puis, prenant avec elle une nombreuse suite de dames et demoiselles, elle vint à l’endroit où elle avait donné les premiers gages d’amour. « C’est, dit-elle à la dame de Malehaut, le lieu que je préférerai maintenant à tous les autres. Là m’a-t-il été permis de bien connaître les deux plus vaillants chevaliers de la terre ! Avez-vous remarqué tout ce qu’il y a de beau, de grand, de généreux dans Galehaut ? J’entends bientôt lui conter comment nous sommes devenues amies inséparables, et j’ai l’assurance qu’il en aura grande joie. »

Quand elles revinrent à la tente du roi, elles y trouvèrent Galehaut, et la reine ayant saisi l’occasion de le prendre à part : « Galehaut, dit-elle, au nom de ce qui vous est le plus cher au monde, dites-moi si vous aimez d’amour dame ou demoiselle ? — Non, ma dame. — Voici pourquoi je vous fais cette demande : j’ai placé mes amours à votre volonté ; j’entends placer les vôtres à la mienne, c’est-à-dire en dame belle, courtoise et sage, d’assez haute condition, revêtue d’assez grands honneurs. — Ma dame, vous pouvez vouloir ; mon cœur et mon corps sont à vous : veuillez dire quelle est cette dame dont vous entendez me rendre l’ami. —