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la dame de malehaut.

sais trop sage et trop courtoise pour rien craindre de vous : dites-moi le fond de votre pensée ; je le veux, je vous en prie. — Puisque vous le voulez, ma dame, j’ai dit que bonne était la compagnie de quatre, parce que j’ai vu la nouvelle liaison que vous avez faite hier avec le bon chevalier, dans le verger. Vous êtes la chose du monde qu’il aime le plus, et vous n’avez pas à vous en défendre ; vous ne pouviez mieux employer votre amour. — Mon Dieu ! le connaîtriez-vous ? dit vivement la reine. — Je le connais si bien qu’il ne tenait qu’à moi de vous disputer sa possession ; je l’ai gardé dans ma chartre privée pendant plus d’un an. Les armes vermeilles, les armes noires avec lesquelles il a vaincu les deux assemblées, c’est moi qui les lui avais fournies. Et quand l’autre jour je vous ai priée de lui mander de faire pour vous des armes, c’est que déjà je soupçonnais son cœur d’être à vous, comme à la seule dame digne de lui. Quelque temps, j’eus l’espérance de m’en faire aimer ; mais il me répondit de façon à me désabuser, et dès lors je n’ai plus songé qu’à découvrir où s’adressaient toutes ses pensées. C’est pour cela que je suis venue à deux reprises à la cour.

« — Mais vous disiez que mieux valait la compagnie de quatre : pourquoi ? Le secret, s’il y